Les racines de mon travail artistiques se trouvent dans mon enfance. Je commencerais par cette citation de Louise Bourgeois :
« My childhood has never lost its magic, it has never lost its mystery, and it has never lost its drama. »
Mes œuvres peuvent être considérées comme autant de stations de ma vie. Elles sont l’expression de mon développement intérieur.
Evoluer c’est apprendre.
Apprendre c’est expérimenter.
Expérimenter c’est vivre.
J’exerce mon art sculptural essentiellement sur la pierre pendant des années.
Je remporte notamment le prix de sculpture monumentale David et Alice Van Buuren sur le thème du Contrepoint (sculpture en grés de Fontenoille) et réalise la stèle commémorative de la catastrophe de Ghislenghien (bloc de 5 tonnes en petit granit). C’est un travail physiquement lourd et très « masculin ». Mes sculptures de l’époque sont des stèles, des monolithes. Un critique d’art écrit à propos de l’œuvre qui remporte le prix Van Buuren :
« Fugue en trois temps, découpée dans le grès de Fontenoille, constitue davantage un travail de la matière. Métaphore de la fusion et du rejet des corps. Comme une aspiration un peu désespérée au dialogue, en même temps que le désir de fuir. Là où l’artiste exprime peut-être le mieux le contrepoint, c’est dans la parole qui émane du non-dit. »
Puis, je m’intéresse à la gravure : c’est un tournant pour moi. Je passe de la masse dure et non flexible qu’est la pierre à l’aluminium, le papier. J’ajoute, je creuse ou enlève de la matière, j’expérimente la plaque à graver, le papier qui accueillera l’estampe… Je retrouve dans cette technique, comme l’on dirait de Dubuffet : « une spontanéité inventive et une tendresse barbare ». Mes gravures sont toujours des monotypes.
Le « Tataki-Zomé » est un art ancestral japonais que je découvre en 2015.
Cette autre forme de gravure consiste à teindre des tissus avec des sucs de plantes, sans encre. C’est une nouvelle porte d’exploration qui m’invite à être attentive au monde végétal qui m’entoure. Je respire, je touche, je choisis les plantes qui cèderont leur tanin, je travaille à l’air libre… je suis libre.
J’observe ce beau compromis entre la chimie et l’aléatoire par une expérimentation ludique et légère.
Je développe davantage mon travail instinctif, me laissant surprendre par ce que les matériaux vont m’offrir et retrouve l’attrait pour « la texturologie et la matériologie » de Jean Dubuffet.
Pourrions-nous dès lors parler « d’empreintes texturiologiques » ?